lundi 30 novembre 2009

[Music] Amiina

Quatuor de jeunes et jolies islandaises (doux pléonasme), Amiina se fit d’avantage connaître du grand public sous sa forme de quartet à cordes et accompagnant le groupe (islandais lui aussi) de post-rock aux multiples récompenses Sigur Rós. En effet, depuis l’acclamé ( ) sorti en 2002, Amiina jouent et composent les violons de Sigur Rós, en studio comme en live, et figurent même sur le DVD du groupe, « Heima », qui documente leur tournée en Islande. C’est sûrement ainsi que les minois de Hildur, Edda, Maria et Sólrún se sont fait mondialement connaître. Et pourtant, ces quatre dames du froid ne se contentent ni du simple accompagnement, ni des violons ou du violoncelle, loin de là. Citer la liste des instruments dont elles jouent serait bien trop long, trop fastidieux, et j’en oublierais très certainement. Disons simplement, pour reprendre la description publiée sur leur site officiel, qu’elles utilisent « à peu près tout, si ce n’est l’évier de la cuisine ».


Inspiré d’une énergie créatrice folle, Amiina s’épanche dans des EPs (Animamina ; Re Minore), des albums (Kurr ; un second album est sur la voie), des reprises ("Dr. Finkelstein" sur Nightmare Revisited, album de reprises des morceaux de la BO du Nightmare Before Christmas de Burton) et des concerts aussi variés entre eux que différents de leur album. D’un concert électronique-expérimentale lourd et pesant, en collaboration avec Kippi Kanínus lors d’un grand festival islandais, à un filet musical onirique et éthéré de 30 minutes ininterrompues dans un musée de sculpture de Reykjavik, en passant par des concerts somme toute plus classiques, mais néanmoins tout aussi charmants, les filles d’Amiina n’ont de cesse de dévoiler leur talent.


Pour les Héros de Bacchus, elles ont accepté de répondre à quelques questions …

Héros de Bacchus : Commençons par le commencement … l’Islande est un pays si petit que pratiquement tout le monde connait tout le monde, mais racontez nous un peu comment vous vous êtes toutes les quatre rencontrées.

Amiina : On s’est rencontré au Reykjavik College of Music, où on étudiait toutes les instruments à cordes. On jouait beaucoup de musique de chambre classique ensemble, avant même qu’on se mette à composer notre propre musique.


HdB : L’histoire que l’on peut lire sur votre site dans la section « bio » est elle vraie ?! Cela semble si irréel, et à la fois tellement ironique que votre folle faim de musique ait failli vous empêcher d’en enregistrer !

Amiina : Oui c’est vrai ! Notre voiture était complètement surchargée de nourriture et d’instruments, et la colline que nous devions grimper pour accéder au studio où nous allions travailler était vraiment raide. On a juste eu de la chance qu’un fermier était dans son champ pas loin, et ait vu qu’on avait un problème …


HdB : Je me rappelle de votre concert au Airwaves Festival de 2008, avec Kippi Kanínus, où la musique était très électronique expérimentale, avec des sons vraiment lourds et une atmosphère très grave ; ensuite, je vous ai vu une seconde fois au musée de sculptures d’Asmundur Sveinsson, pour le Winter Lights Festival, et cette fois, votre musique était très très légère et éthérée … et les deux concerts étaient eux-mêmes différents de votre premier album. Alors, ma question est : y a-t-il des quelconques limites à votre musique ?!

Amiina : Pourvu que non ! On aime explorer de nouveaux horizons. L’album sur lequel on travaille est assez différent de ce que nous avons pu faire par le passé.


HdB : A quoi ressemblera votre prochain album ? Sera-t-il semblable à votre premier album ou est-ce qu’il sera totalement différent ?

Amiina : Hé bien, comme je l’ai dis dans la réponse précédente, il sera très différent de Kurr (ndla : leur premier album). Vignir (alias Kippi Kanínus) et Maggi, le batteur, nous ont rejoint sur cet album, ce qui lui donne une approche différente. On a vraiment passé de super moments ensemble en studio, et on apprécie vraiment de jouer les morceaux en live. On espère pouvoir faire de nombreux concerts l’année prochaine.


HdB : Quel est le secret de votre inspiration, et comment définiriez vous votre musique ?

Amiina : Il n’y a pas vraiment de secret, il suffit simplement d’aimer composer avec d’autres personnes (et aussi peut-être d’oublier toute définition).


HdB : J’ai l’impression que l’Islande influence, en quelque sorte, les artistes islandais, que n’importe quel artiste islandais a ce genre d’ « atmosphère » dans sa musique, qui est propre au pays. Êtes-vous d’accord ? Et comment définiriez-vous cette influence du pays, du paysage, sur votre musique ? J’ai passé un an en Islande, et j’ai vraiment ressenti que l’Islande avait une atmosphère si particulière, qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde ! (« icelandic » est d’ailleurs un tag en soi sur des sites comme Last FM, au même titre que « rock » ou « classique » ou tout autre genre musical)

Amiina : L’environnement a bien souvent quelque chose à dire, mais c’est dur de déterminer exactement ce qui nous influence dans tout ça, surtout quand on fait partie de ce décor. C’est sûrement un peu de ci et un peu de ça …


HdB : Y a-t-il des groupes qui vous ont influencé, vous et votre musique ?

Amiina : La plupart des groupes avec qui on a collaboré je dirais.


HdB : Comment votre collaboration avec Sigur Ros s’est-elle passée ?

Amiina : Le groupe nous a appelé avant la tournée pour la sortie de leur album Ágætis Byrjun en 1999, et ils nous ont demandé de jouer avec eux. Au début, on n'avait qu’un arrangement de cordes pour octet pour les chansons qui figurent sur l’album, qu’on a adapté pour un quartet. Mais on a très vite contribué à la composition, et les cordes sur leur album ( ) (ndla : sorti en 2002) ont été composées par Amiina, ainsi que certaines parties sur leur album Takk (ndla : sorti en 2005) et Með Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust (ndla : 2008)


HdB : quels groupes recommanderiez-vous à nos lecteurs ? (Islandais, ou de toute autre nationalité !)

Amiina : jetez un coup d’œil à Sin Fang Bous, c’est sympa :)


HdB : Maintenant, une dernière question … Si je vous dis « France », qu’est-ce qui vous vient en premier à l’esprit ? Un quelconque « souvenir Français » et/ou une anecdote à nous raconter ? :)

Amiina : Le fromage et la lavande ! Oh, et manger des cerises recouvertes de chocolat noir fondu, dans un parc de Paris, Hmmm…


HdB : Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, et on a hâte d’écouter le prochain album !

(Pour les anglophiles, l'interview est disponible dans sa version originale ici !)


Avant de conclure cet article, je vous propose de visionner un petit documentaire très plaisant sur le groupe, l’album, et sa tournée américaine :


Puis, pour le plaisir, ce “Show A Emporter” dont nous gratifie La Blogothèque. Une vidéo comme on les aime !


Il ne me reste plus qu’à vous rediriger vers leur site et leur Myspace, et à vous dire : "bless bless!", l'au revoir islandais.

mercredi 25 novembre 2009

[Découverte] Scampi!

Scampi! : Quatre cordes ; Deux mains ; Un visage craquant.


Scampi, c’est une petite révélation Internet qui a charmé de nombreux utilisateurs du site Youtube (plus de 75 000 visionnages), sous le pseudo de chipswow. Mais derrière ces pseudonymes variés se cache Morgane, une jeune lyonnaise, tout juste en classe de Terminale, qui gratte le ukulélé depuis un peu plus d’un an.

Génération Internet oblige, l’amusante autodidacte se produit depuis sa chambre, face à sa webcam, dans son lit ou sur le parquet, nous offrant des reprises aussi délicieuses que variées (Lily Allen, The Moldy Peaches, Lady Gaga, Nancy Sinatra, Rihanna, AaRON, Soko, Dido, Cocoon, Morcheeba, etc.), mais aussi de magnifiques compos personnelles (Lazy, Urban Jungle, My Friend, ou encore la très filou Biscuits) le tout sur ce petit instrument si exotique en voie de popularité et passé entre les mains d’Elvis Presley, Marilyn Monroe ou encore George Harrison, entre autres. Ajoutez à cela un petit air mutin, des petites moues amusantes, une coupe de cheveux inconstante, et la recette a vite eu du succès : encouragée par des artistes reconnus, Scampi en est à son 6e concert public, et a déjà une petite maquette, avec quelques morceaux enregistrés en studio.

Retrouvez ici une interview de la jeune artiste :




Bon à savoir : Cette charmante demoiselle sera en concert à la Maison du Peuple de St-Gilles, à Bruxelles le 19 Décembre prochain. Entrée gratuite.

Que dire de plus ? si ce n’est « consommez-en sans modération » ! Attention, effets secondaires attendus chez le spectateur : baume au coeur, sourire niais et amour du ukulélé.

mercredi 4 novembre 2009

[Concert] Beat Torrent @ Gare Saint Sauveur, Lille

Vendredi 23 Octobre, les amateurs de mix, scratch et turntablism (création musicale via des platines vinyles) ont été servis, par deux gars loin, très loin de l’amateurisme : DJ Atom et DJ Pfel, formant, à eux deux :


Nos deux enragés des platines sont avant tout issus du collectif C2C, collectif regroupant 4 DJs (20Syl, Atom, Greem et Pfel) et quadruple champion du monde DMC (Disco Mix Club, dont le championnat est parmi les plus connus du milieu) en équipe (en 2003, 2004, 2005 à 2006 – record inégalé), ainsi que grand gagnant en équipe du championnat ITF (International Turntablist Federation) en 2005. Tandis que 20Syl et Greem partent former leur groupe de jazz rap Hocus Pocus, Atom et Pfel créent de leur côté le duo Beat Torrent.

De clubs en clubs, et fier de la notoriété acquise avec C2C et leur titre de champions DMC (que Birdy Nam Nam avait gagné en 2002), notre duo se fait connaître de par le monde, et perfectionne ses sets et ses shows (depuis 2008, le groupe agrémente sa musique, quand la place le permet, de vidéos projetées sur un écran géant, en parfaite synchronisation avec la musique : le traitement de l’image est relié directement aux platines, transformant nos Disc Jockeys en Vidéo Jockeys).


C’est donc à la Gare Saint Sauveur de Lille (ancienne gare de marchandise – créée en 1861 – récemment réhabilitée en espace culturel) dans le cadre du festival Ground Zero, qu’un public de fans est venu acclamer Beat Torrent. Etant donné les dimensions de la salle, adieu l’écran géant, il faudra se contenter de la musique ! Mais quelle musique ! Déjà chauffé par quelques morceaux d’Aziz en première partie, le public se déchaine dès le premier morceau du duo, qui nous balance en pleine gueule, et sans sommation, leur terrible remix de No One Knows, des Queens Of The Stone Age (un titre ironique, car tout le monde, bien entendu, connaissait). Puis les morceaux s’enchainent, les platines sont en feu, le public en nage. Visiblement étonnés et fort heureux de cet énorme accueil que leur réserve Lille, Pfel et Atom nous chauffent encore plus au micro, et bim, c’est reparti. Justice, Boys Noize, The Beastie Boys, Led Zeppelin, The Prodigy, Michael Jackson, Run-DMC, The Beatles, Nirvana … tous passent à la moulinette sous les doigts habiles de nos deux virtuoses, qui nous délivrent aussi des créations personnelles. La fosse n’est plus qu’une masse humaine en mouvement, un immense raz de marée, une délicieuse orgie où chacun se laisse porter de corps à corps, enlace son camarade dans un subit élan de bonheur, et célèbre Beat Torrent à sa manière. La peau est moite, les visages sont rouges, les forces viennent à manquer, et pourtant, on reprend tout juste son souffle entre deux morceaux avant de se lancer avec une ardeur redoublée dans la mêlée.


Puis le concert se termine, malheureusement. Un traditionnel rappel, mais cela ne rassasie pas l’appétit musical du public, qui souhaite abuser des bonnes choses. Il crie, il espère un second rappel, il ne souhaite pas voir arriver la fin du rêve. La foule en réclamera toujours plus jusqu’à ce qu’Atom et Pfel quittent définitivement la scène, ce qu’ils ont mis du temps à faire, débranchant et remballant eux-mêmes leur matériel, échangeant des regards complices, amusés et béats, face à une foule qui continue à scander leur nom alors même que toutes les lumières de la salle ont été rallumées et que les platines ont retrouvées leurs valises de rangement, en attendant patiemment leur prochain show.


Merci à Joek de nous avoir autorisé à utiliser ses photos.
Voir son album flickr, avec de nombreuses photos de soirées, concerts, évènements, mais aussi des portraits et d'autres magnifiques photos.