samedi 31 octobre 2009

[Music] SIMIAN MOBILE DISCO : FLUX & REFLUX D'UNE VAGUE ELECTRO


SMD, c'est un tandem. Celui des artistes/producteurs James Ford et James Anthony Shaw aka Jaz, tous deux ex-membres du groupe Simian. Après un premier album salué par la critique et le public, suivi d'un disque de remixes et d'un mix live enregistré au Club Fabric à Londres, le combo revient avec un second opus, le très (le trop?) pop Temporary Pleasure (Wichita/Cooperative Music/PIAS).

James et Jaz ont tous les deux 30 ans, vivent à Londres et se sont rencontrés à Manchester au milieu des années 90 alors qu'ils étaient étudiants.

"J'ai simplement lu une petite annonce dans les couloirs de la fac qui disait 'groupe cherche batteur'. Je venais juste de commencer la batterie, mais je suis quand même allé voir ces mecs, Jaz et Alex MacNaughten, qui jouait de la basse. On a fait des répéts et ça a fonctionné. On a ensuite rencontré le chanteur Simon Lord et c'est ainsi que Simian est né." James

Tout se passe ensuite très vite - trop vite - pour Simian qui, sur la bonne foi de quelques maquettes, est immédiatement signé par Source UK, qui en fait l'une de ses priorités.


"On a beaucoup appris avec Simian, notamment de nos erreurs. On n'aurait pas dû signer sur une major qui nous a trop exposés. A force de faire des tournées en tête d'affiche et des concerts pour la presse alors que le groupe venait juste de se former, on est passé directement de nos chambres d'étudiants au devant de la scène sans avoir eu le temps de grandir. Le groupe n'y a pas résisté." Jaz


Après deux albums mixant brillamment psychédélisme, électronique et pop music (Chemistry Is What We Are, en 2001, et We Are Your Friends, en 2002), le groupe ne rencontre pas le succès durable escompté malgré des hits potentiels (La Breeze et Never Be Alone)... Nous sommes au début du siècle, l'heure anglophone n'est plus aux expériences musicales hybrides mais bien au retour du rock basique, avec les Strokes, les Libertines, les White Stripes ou encore les Kills...
Simian explose en pleine tournée US, "dans un restaurant de poissons en plein milieu du Texas, souligne James en souriant. Nous avons vécu le syndrome du second album jusqu'au bout : le split lors de la première tournée aux Etats-Unis." Et Jaz de renchérir : "Un grand classique pour les groupes anglais. Nous n'avons pas réussi à échapper à ce cliché, nous en rigolions même entre nous."

Des cendres de Simian naît pourtant une hydre à deux têtes, l'une blonde et émaciée, l'autre pas... Cet animal prenait vie lors des aftershows du groupe, et s'emparait des platines pour assouvir sa passion pour l'électronique et la dance music.


"Nous n'avions pas vraiment l'intention de former un nouveau groupe, ni de sortir un album par la suite. L'idée première était d'échapper au format rock et de retrouver le plaisir primaire de la musique de club." James

Les prestations du groupe touchaient par là même un public plus large, faisant se rencontrer deux cultures musicales différentes. Un peu dans la même veine que l'entreprise des frères Dewaele avec, d'un côté, leur groupe electro-rock Soulwax, de l'autre, le combo 2 Many DJ's.


Fini la messe en latin, James et Jaz font tomber le masque pour la première fois avec un titre de Simian au destin étrange et fulgurant : Never Be Alone... Réformé par nos deux compères Justiciers en culotte courte, lors d'un concours lancé par Simian, le remix sortira chez Ed Banger Records sous le nom de We Are Your Friends, et devient l'hymne d'une nouvelle génération de technokids prête à en découdre sur le dancefloor. Mine de rien, Simian participe ainsi à l'écriture d'un nouveau chapitre du roman de la techno music. Celui d'une électro instinctive et spontanée qui n'a pas encore dit son dernier mot.

C'est ensuite l'explosion. Il faut dire que nous avons affaire à de véritables producteurs, qui collaborent en studio avec des pointures. "On produit soit ensemble, soit séparément en général quatre albums par an (Klaxons, Arctic Monkeys, The Last Shadow Puppets, Invasion,...). Ceci nous procure beaucoup d'idées et de matière pour SMD."
Pas étonnant donc que leur premier album Attack Decay Sustain Release (A.D.S.R., soit les paramètres de l'enveloppe d'un son : sa naissance, sa vie et sa disparition sont les conséquences de la modulation effectuée) cartonne. Un opus qui alimente les tendances, balançant de gros tubes avec une électro bien grasse, débordante d'énergie. Idéale pour les esprits favorables à la Réforme perpétuelle.
James évoque sa genèse : "Nous écoutions beaucoup d'acid house avant l'enregistrement d'Attack Decay Sustain Release, ça nous a forcément influencés. On a cherché d'une certaine manière à recréer l'atmosphère et la magie de cette période [à la fin des années 80 en Angleterre, les journaux locaux relatent comment les ravers ruinent les champs à tour de bras]."
Pendant que Jaz parle de la technique de prod' : "Oui, cela vient aussi des machines vintage que nous avons utilisés. Rien n'était prémédité sur ce disque. C'était vraiment deux mecs en studio qui enregistrent live en enchaînant le plus rapidement possible. Nos meilleurs morceaux étaient souvent dans la boîte en moins d'une journée. On a vraiment voulu privilégier l'instinct et la spontanéité plutôt que la réflexion. Capter l'énergie créatrice [...] et rendre perceptible ce travail sans avoir l'air de deux nerds qui checkent leurs mails..."
Hommage vibrant, physique et sensuel à la house-music, cet album est tout bonnement explosif et hédoniste. Après une plongée en apnée le coeur battant (Sleep Deprivation), il pousse son naufragé vers les rives de l'acid-house from Detroit (I Got This Down). A peine sorti d'un trip sous ecstasy (It's The Beat), il l'embarque, de manière directe voire racoleuse (Hustler), pour des expériences psyché alarmantes (Tits & Acid), comme témoin d'une manipulation génétique et mélodique (Wooden),... Ces deux savants fous revisitent ainsi tantôt les premiers âges de la house, tantôt le son garage, sans oublier la pop synthétique plus consensuelle (I Believe, Love).
Le voyage s'achève au milieu de nappes sirupeuses, vers des contrées sacrées, extatiques et réservées aux immortels (Scott). Une épopée sidérale.

Alors que la minimale se désincarne dans une abstraction laborieuse de fin de siècle et que la "maximale", envahie par les clones de Justice et Boys Noize, ne cesse de nous compresser les neurones dans une débauche de "sound effects" parfois superflus, SMD incarnait jusqu'à tout récemment une issue idéale pour les musiques électroniques, sans risque de dérive depuis le ponton du XXIe siècle naissant.
Tout à la fois inventif, ludique et érudit, Attack Decay Sustain Release, sorti en juin 2007, parle finalement autant à nos pieds qu'à nos têtes en mixant avec malice expériences sonores et gimmicks accrocheurs. James confiait alors que l'important était de concilier ces deux facettes : "Nous avons à la fois un penchant pop et un penchant expérimental, que nous essayons de combiner quand nous travaillons ensemble. Ce qui nous passionne, c'est de travailler à la lisière des genres. Le prochain album sur lequel on travaille risque d'être beaucoup plus expérimental et psychédélique. Et c'est un fan de Magma et de Cluster qui te parle là..."

Aujourd'hui, SMD sort en effet son deuxième album, Temporary Pleasure... Fugace et résolument mainstream...
Car, comme dans toute entreprise périlleuse, rien ne se passe vraiment comme prévu.
"Nous voulions d'abord produire un album de techno pure. Nous avons vite évolué vers quelque chose de plus disco poppy. L'album a été en grande partie conçu dans nos chambres et sur la route. Avec la technologie, c'est fou comme tu peux tout faire de ta chambre...(rires)."
A la différence du premier album, Temporary Pleasure inclue beucoup de collaborations (Alexis Taylor du groupe Hot Chip, Jamie Lidell, Beth Ditto du groupe Gossip, Telepathe,...).
"Dès qu'on a eu les premiers invités sur le disque, l'orientation techno du début a changé. Nous avons voulu cet album comme une collection de chansons et non comme un ensemble cohérent. Mais nous avons malgré tout gardé le format de chanson long, comme en techno."

Las! "Les sanglots longs des synthés de SMD blessent mon coeur d'une longueur monotone"... Si je me risque à cette reprise d'une parole résistante de Verlaine, c'est que la tentative pop est globalement décevante.
Délaissant les climats tapageurs, l'album se concentre sur une série de compositions électro-pop plus mélodiques que par le passé, faisant la part belle à une flopée de featurings qui diluent une grande partie du talent et de l'inspiration que l'on était en droit d'attendre de la part du duo britannique. Si la personnalité de Beth Ditto, la voix soul et mutante de Jamie Lidell, l'organe sensuel d'Alexis Taylor ou la tonalité résolument 80's de Chris Keating, possèdent tous un attrait évident, cet empilage de talents nuit à l'ensemble et laisse une sensation de gâchis.
La qualité propre de chaque morceau ne suffit jamais à faire d'un ouvrage un chef d'oeuvre parfait. Il manque à cet album la mèche du boulet de canon, l'étincelle du conte de fées...

Trop de métier, pas assez de personnalité.

Au fond de ce patchwork inégal, remarquons néanmoins la performance vocale de la cantatrice la plus hype du moment, j'ai nommé Beth Ditto. Dans un opus aux maigres ambitions, Cruel Intentions est un single qui sent bon les débuts de la house music made in Detroit. Ni plus ni moins. Enfin si, tout de même, une voix percutante... Mais qui ne surprendra aucun fan de Gossip...
Pour les mélomanes en mal de réminiscence "simianesque", il reste Synthesise et 10000 Horses Can't Be Wrong pour se consoler. Avec eux, soyez sûrs que SMD continue d'envoyer du bois en live.
Une fois n'est pas coutume, le diable se cache dans le détail. Synthesise, sous ses airs de classique SMD, est le premier morceau où le duo utilise un sample, la voix de Todd Rundgren (artiste et producteur américain qui a travaillé avec Patti Smith, New York Dolls ou Meat Loaf).
"Je me rappelle l'avoir écouté en me disant, merde, il utilise un effet électronique sur sa voix et c'est exactement le genre de traitement que nous utilisons par ailleurs. C'était parfait pour le morceau, du coup on a fait une petite entorse à nos règles." Jaz

Aujourd'hui, alors que tout le monde, de Björk à Muse en passant par Peaches ou Little Boots, s'arrache leur collaboration, ce n'est peut-être pas un hasard si ce nouvel album est un "petit" bijou d'électro-pop relativement plus accessible qu'Attack Decay Sustain Release. Si ce nouveau virage lorgne du côté de la synth pop 80's de Human League et de la modernité d'un Tiga, prière est faite de ne pas marcher sur des sentiers trop battus.

Thanks to Tsugi, Trax & NightCode.

vendredi 30 octobre 2009

[Music] Didier Super et Zeu Discomobile, La Merde des Autres (2009)

Hallelujah. Didier Super nous a sorti (torché ?) un nouvel album. Et, comme d’habitude, on aime ou on n’aime pas.

Didier renoue ici avec ses potes de Zeu Discomobile, dont il faisait partie avant de partir en solo, avec lesquels il rejouait déjà depuis son précédent album « ben Quoi ? » et les concerts qui en découlèrent. La retrouvaille est ici d’autant plus affirmée, que ce n’est plus uniquement « Didier Super » mais bien « Didier Super et Zeu Discomobile ». Et Zeu Discomobile, ce qu’ils faisaient, c’était des reprises punk-rock. Bah ici, c’est donc pareil, le personnage de Didier Super en plus.

Ainsi, adieu les textes si polémiques de Didier, ces paroles acides qui n’épargnaient personne et qui filaient les yeux revolver à plus d’un. On ne retrouvera à peine que trois ou quatre petites piques purement Super-esques à ses cibles habituelles : son label (« Ah [mon disque] tu l’as téléchargé ? Oh bah c’est pas grave, de toute façon vu ce que je vais gagner dessus … »), les noirs (durant la chanson "Ethiopie" : « ♪ Il n’y a même plus de larmes dans leurs yeux si grands ♪ – mais c’est affreux ce que vous dites ! – ♪ Les enfants d’Ethiopie … ♪ - Aaah c’est des noirs ! Ah ouaaais ! Aaah ouais … Ah, pardon, pardon … »), les homosexuels (« la prochaine chanson est contre les femmes qui vont avec les femmes, et je suis bien d’accord on est déjà assez emmerdé avec les homosexuels ») ou encore les motards (« Hey qu’est-ce que tu fous ?! Les solos de pédés comme ça ça fait venir les motards dans les concerts ! Je veux pas de motards, naaaan ! »). Oui, c'est bas, c'est nul, c'est facile. C'est Didier Super. Mais à part ça, Didier se fait discret, et chante simplement « la merde des autres ».


On insère la précieuse galette dans la platine, et là, boom , premier constat : l’album répond très précisément aux critères d’album de reprises punk-rock de base : morceaux courts (de 1 à 3min maximum, interludes inclus, pour une durée totale de 30 minutes, pour 17 morceaux), chant peu soigné, cris, beat de batterie rapide et basique, délires studios (Didier qui nous fait une imitation de Marc Lavoine), et interludes entre les morceaux. Les titres passent donc à la moulinette rock/punk, bien souvent allégés de passages reggae up-beat.

Mais pas que. On a par exemple de bons riffs Metal sur « Nuit de Folie », des sonorités Heavy occasionnelles sur des pistes comme « Reality », un break jazzy sur « Lemon Incest », et avec derrière tout ça, tout de même, une véritable recherche musicale et une maîtrise de l’instrument, avec soli et shreds éventuels.

Le tout, enfin, agrémenté d’un humour bienvenu et non exclusif à Didier Super. Plus accessible, quoi (« Hallelujah ! Hallelujaaaah ! Hallelu-, Hallelu-, Allez Lens ! » ; à propos de « Lemon Incest » : « là en fait je comprend pas trop, c’est à propos d’un père qui trompe sa fille avec un citron » ; ou encore les paroles modifiées de « Comme d’Habitude » : « tout seul je bois mon café – (comme d’habitude !) – Hey t’as pas lavé les cuillères ! – (comme d’habitude !) – Hé y’est où le sucre en poudre ? Putain faut que j’aille au boulot – (comme d’habitude !) – […] Oh putain y’a la grève des bus ! – (comme d’habitude !) » ; pour ne citer que mes préférés). Et sans oublier le massacre des textes anglophones avec un accent français forcé (« I will bi zere ! »), voire même, allez, du yahourt.


En résumé, un album cash, direct et très jouissif, mais qui pèche par son manque de diversité, contrairement à l’album de Didier de l’année précédente (ici, le ¾ des morceaux se résument à « punk-rock - passage reggae - punk-rock »). Un album dont on se lassera sûrement bien vite. Mais bon, Didier en est conscient.


En tout cas, en concert, ça promet quand même une sacrée nuit de folie.


Tracklist complète :
01- Nuit De Folie
02- Femmes Je Vous Aime
03- Hallelujah
04- T'en Vas Pas
05- Ethiopie
06- Démons De Minuit
07- J'ai Encore Rêvé d'Elle
08- Belle Île En Mer
09- La Boom (Reality)
10- J'ai Oublié De Vivre
11- Une Femme Avec Une Femme
12- Yesterday
13- Still Loving You
14- Les Yeux Revolver
15- Que Je T'Aime
16- Comme D'Habitude

mardi 20 octobre 2009

[Music] Flight Of The Conchords : I Told You I Was Freaky (2009)

Certains pourraient dire que je deviens relou avec Flight Of The Conchords. Encore que, sur le blog, je n’en parle qu’une fois (ici sera la seconde), mais c’est parce que vous n’avez pas les références quotidiennes. Mais c’est comme ça, Flight Of The Conchords (FOTC pour les intimes), c’est ma petite tasse de café à moi : le truc qui me réveille, le truc qui me met de bonne humeur, le truc qui donne de la saveur à la fin d'un repas, le truc qui s’apprécie un peu machinalement quand on voit que y’a de quoi s’en faire encore une tasse. Je peux survoler ma liste de musique, l’œil blasé, sans m’arrêter sur rien, mais j’hésiterai toujours en passant devant les F, me déciderai à n’écouter qu’une ou deux pistes, pour finalement terminer par m’engloutir les albums entiers et me mater des lives sur Youtube.

Alors aujourd’hui, j’en parle à nouveau, pour chroniquer leur dernier album en date, sorti en ce 20 Octobre, intitulé « I Told You I Was Freaky », qui regroupe les meilleurs morceaux de la Saison 2 de leur série télévisé (car pour ceux qui suivent, FOTC c’est aussi une série musicale). Alors, l’album ravira les fans qui pourront s’écouter en boucle les chansons qu’ils ont tant apprécié dans la série, mais il plaira aussi aux néophytes, car il ne faut pas avoir vu les épisodes pour en apprécier les chansons (même si l’épisode apporte un contexte plus profond aux paroles). De plus, les fans pourront même se payer le luxe d’être surpris, au lieu de chanter par cœur les paroles dès la première écoute, car notre duo ne s’est pas contenté de « copier – coller » les chansons sur un CD, mais ils en ont retravaillé le mixage, voire parfois les paroles (modifications et/ou ajouts).




Tout comme leur premier album éponyme, « I Told You I Was Freaky » plait de suite de par son éclectisme (sonorités rock, rap, electro, r’n’b, dancefloor, folk, ...), l’humour de ses paroles, et l’ingéniosité musicale.

[N.B. : Les vidéos proposées sont celles extraites de la série, et, donc, la musique ne correspond pas exactement à celle présente sur le CD. Mais elle y correspond tout de même à 90%. Exit, bien entendu, les bouts de dialogue avant la chanson]

La galette démarre avec l’excellent « Hurt Feelings », où notre duo se refait rappeurs (comme sur « Hiphopopotamus Vs. Rhymenocerous » ou « Mutha –Uckas » du premier album), et démonte ici le cliché du rappeur viril et agressif pour nous démontrer qu’ils peuvent aussi être blessés et vexés. Des vers qui vous resterons dans la tête à coup sûr !

Dans le même genre musical, la piste suivante, « Sugalumps », enterrerait presque les Black Eyed Peas. Ici, ils vantent le mérite de leurs petits « bonbons d’amour », autrement appelés « bijoux de famille » ...

Autre genre, mais toujours proche du rap, voici la très cliché R’n’B « We’re Both In Love With A Sexy Lady » où nos deux chanteurs finissent par se rendre compte qu’ils sont tombés amoureux de la même femme. La chanson regroupe de nombreux clichés R’n’B, pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques (car ici, rappelons, cliché n’est pas preuve de manque d’originalité mais bien caricature), et caricature d’ailleurs la chanson « Same Girl » de R. Kelly.


Puis débarque la très à part et minimaliste « I Told You I Was Freaky », toujours dans un genre que j’assimilerai au rap, sans vraiment savoir le définir. Notez l’importance de chansons rap/R’n’B/assimilé au début de l’album. J’en conviens, l’amas de chansons de ce style en début d’album (et son absence dans la suite de l’album) peut presque s’avérer décevante en matière de répartition des chansons le long du disque. Mais bon. Comme elles sont toutes excellentes, on pardonne !

Rockons un peu les choses, avec « Demon Woman », parodie du « Devil Woman » de Cliff Richard, et rassemblant dans ses paroles des thèmes et images associés à un rock assez sexuel, tels que le « temple of womb » ou « your breasts are balls of flames, and I’m burning my hands, playing those balls games ».

Petite interlude, « Rambling Through The Avenues Of Time » se compose juste d’une guitare et du chant de Bret, ponctués d’interventions comiques de Jemaine. Les paroles caricaturent clairement certaines chansons, ou poèmes, d’amour, où le chanteur en fait parfois un peu trop dans les métaphores, fait souligné par les passages de Jemaine ... (« days went by, and years went by, moments went by when we kissed – when was this ? » ou, un de mes passages préférés : « She was like a Parisian river – Oh, dirty ?! – [...] She reminded me of a Winter’s morning – what, frigid ? – she was comparable to Cleopatra – quite old ! – She was like Shakespeare’s Juliet ! – What, 13 ?! »)

Faites péter les synthés, « Fashion Is Danger » arrive, rappelant du Depeche Mode old school, tout en parodiant « Fashion » de Bowie. Son refrain (« you think you know fashion, well fashion’s a stranger. You think fashion’s your friend, my friend, well fashion is danger ! ») vous restera longtemps en tête !

Arrive le récit d’un marin russe perdu en mer avec ses amis : « Petrov, Yelyena And Me ». Sonorités de manège, accompagnées de violons, c’est une version légèrement plus courte et plus rapide que celle que l’on peut déjà entendre sur leur album live « Folk The World » sorti en 2002.

Après ça, servez vous un bacardi au bar et déhanchez vous sur la piste avec « Too Many Dicks On The Dancefloor », au titre, tout comme les paroles, assez explicite : « trop de bites sur la piste de danse ». Tous les éléments du titre purement dancefloor sont là, grosses basses, sons électro, voix « robotique ». Un titre sur lequel il est jouissif de danser (testé dans un club islandais. Vous imaginez bien que je me sentais plus quand je l’ai entendu).

C’est ensuite au tour du groupe Police de passer à la moulinette de FOTC, avec le titre « You Don’t Have To Be A Prostitute », dont le thème et la musicalité très ‘’reggae-rock’’ vous rappellerons à coup sûr « Roxanne ». Après tout, « you don’t have to put on the red light » et « you don’t have to be a prostitute », c’est du pareil au même, sauf que chez le second, c’est marrant.

Exit les instruments, « Friends » se fait quasi uniquement à la bouche. Pour une ode pure, simple, nature à l’amitié, autant épurer aussi les instruments. Du simple « friends drink beers in the pub » aux plus dévoués « if you get drunk and vomit on me, I’ll make sure you get home safely » et « if you get murdered I’ll avenged your death », « Friends » est, de toute évidence, un véritable hymne à l’amitié.

Puis c’est un hommage à Paul Simon (le Simon de Simon & Garfunkel), avec « Carol Brown », qui rappelle beaucoup, dans son thème, « 50 Ways To Leave Your Lover » (la référence est d’ailleurs explicite avec le « there must have been 50 ways that lovers have left me » de Jemaine). Jemaine y énumère ici les différentes manières dont il s’est fait largué, pendant qu’une chorale composée de ses ex nous rappelle tous ses défauts en tant que petit ami, sur fond de musique rythmée, naïve, presque enfantine.

On garde la douceur de « Carol Brown », et on termine avec « Angels », parfois proche du gospel , qui nous relate les choses pas très catholiques auxquelles s’adonnent les anges derrière les nuages. De quoi vous faire regretter d’avoir jadis tendu la langue pour attraper quelques gouttes. La chanson se termine en un crescendo de voix ultra prenant, qui nous donnerait presque des frissons, et nous tente grandement d’appuyer sur le bouton « repeat all ».

mercredi 14 octobre 2009

[Cinéma] La Nuit de l'Animation @ Théâtre Sébastopol

Tout quidam qui se respecte aura certainement fait un mouvement de recul en passant devant le "Sébasto", ce samedi soir 10 octobre 2009. Fumées d'opiacées et tenues vestimentaires marginales se mariaient alors pour faire, le temps d'une soirée, du "Sébasto" le repère des saltimbanques les plus illuminés.
Une fois n'est pas coutume, l'ambiance était en effet à la "cool attitude" devant les portes de ce théâtre atypique inauguré le 30 novembre 1903. Comme son titre est trompeur ! Cet écrin culturel de la métropole lilloise n'a aucun lien de parenté avec Sébastopol, ville d'Ukraine connue de nos livres d'histoire pour avoir été assiégée en 1854, lors de la guerre de Crimée initiée par Napoléon III.

Ce soir-là plus que les autres, Le "Sébasto" reçoit avec décontraction les esprits débridés, les âmes libertines, bref ceux qui n'hésitent pas à sauter dans les flaques culturelles que nous offrent la production cinématographique contemporaine.
Cinéma! Cinéma! Mais pas n'importe lequel ! Ce soir, le court métrage d'animation est à l'honneur. Cette forme audiovisuelle en mal de visibilité posait ses bagages à Lille pour une 9e Edition placée sous le signe - crise et esprit contradictoire obligent - de l'Humour avec un grand AHAH !

Liberté dehors, liberté dedans. Loin du formatage dont est victime le long-métrage, les démonstrations d'inventivité n'ont pas manqué pendant ces 9 Heures d'opération sur nos zygomatiques et nos neurones frustrés.
A l'image d'un des films les plus touchants de la sélection, Varmints de l'Anglais Marc Craste, le programme s'encombre rarement de dialogues pour exprimer des sentiments hauts en couleurs.

Série en avant-première avec Léon, (T)erreur de la savane (5 épisodes de 4 minutes), trois longs-métrages et une flopée de courts-métrages divers et variés...Il y en avait vraiment pour tous les goûts et les humeurs.

Inutile de vous dire que le théâtre fait salle comble. L'effervescence et l'excitation débordent même et se jettent des gradins, tels des avions de papier, jusqu'au lever de rideau. Les premières images apparaissent alors, et la récréation fait place à la création.

Histoire de bien débuter la soirée, l'organisation met les petits plats dans les grands. Tout commence par une immersion dans cette savane inconnue d'où un lion vient vous tirer du siège pour vous emmener vivre l'instant comique. Même les plus grands chasseurs ne pourraient y résister.


Faisant suite à ce premier épisode au dessin digne de Madagascar, des Studios DreamWorks, The Surprise Demise of Francis Cooper's Mother raconte l'histoire croisée de trois vies qui, d'un seul instant, basculent dans l'improbable. Pendant la seconde où Emily Madison voit sa tasse de café se renverser, la réalité de son quotidien se dévoile enfin à ses yeux. Craig MacKay a, quant à lui, toutes les peines du monde à garder en vie les chats de sa petite amie. L'un s'aventure tragiquement dans le tambour de la machine à laver, l'autre réussit sa tentative de suicide au couteau de cuisine, et Craig voit ainsi s'effondrer tout espoir de récupérer sa dulcinée. Tout va de travers donc, ou à l'endroit... Ce petit bijou d'humour anglais fait penser à Paris de Cédric Klapisch... A bon entendeur.

Après la surabondance des images de synthèse, un petit retour aux sources de l'art s'imposait. Muto, de l'Italien Blu, est une plongée originale dans des recoins que nul ne soupçonne : les murs ! A travers une fascinante animation en peinture sur les murs publics de Buenos Aires et de Baden, l'artiste nous rend la visite atypique grâce au procédé du stop motion (animation en volume ou image par image), permettant de créer un mouvement à partir d'objets immobiles. Vous ne vous cognerez plus par hasard ! Ce film fait d'ailleurs le tour de la toile depuis mai 2008. De quoi réanimer la curiosité chez les citadins que nous sommes !


Vous ! Oui vous qui souhaitez retrouver Patrick Timsit, ou bien Gérard Depardieu époque Les Valseuses sous un autre jour, L'Homme à la Gordini est fait pour vous !

Dans un graphisme rappelant un peu Les Lascars, Monsieur R., accessoirement vêtu de bleu dans le plus simple appareil, a le faciès de l'un, et le Vengeur masqué, le flegme de l'autre.
A la fin des années 1970, dans un banlieue isolée - c'est à dire imaginaire !, vit un couple qui résiste encore et toujours à l'envahisseur... Oups! Je me trompe de bobine. En réalité, la coutume dictatoriale est de ne porter ni slip ni pantalon, uniquement des hauts orange. Mais avec l'aide d'un super héros, roulant en R8 Gordini et adepte de la machine à coudre Singer, Monsieur R. et son épouse, après un ultime interrogatoire répressif, entreprennent une révolution vestimentaire radicale. A mort le totalitarisme monochromatique orange !
En sélection officielle au dernier Festival de Cannes, l'auteur-designer-co-animateur, Jean-Christophe Lie, illustre également les pages de Siné Hebdo avec le polar-feuilleton "Les Furieuses" de Serge Quadruppani.
Avec le bleu le pull reste court mais pas les idées !

Des idées, Christian Effenberger en a aussi à revendre. Et, de l'imagination, il en faut pour nous présenter le simple et humble Jeff. Car ce qu'il aime plus que tout au monde, ce sont les pointes de carottes. Bad Habit, Little Rabbit raconte, en chanson s'il vous plaît, le parcours initiatique d'un petit lapin menant une vie de petit lapin jusqu'au jour où une énorme carotte émerge du coeur de la terre. Cette grosse carotte réserve évidemment quelques surprises à notre ami. Solidement ancrée dans le sol, c'est avec l'énergie du désespoir que Jeff ambitionne d'en faire le menu de son repas... et la cause des plusieurs sérieuses déconvenues.

Afin de clore avec beauté et mélancolie ce premier volet de la soirée, rien de mieux que le dernier clip du célèbre groupe Radiohead. Videotape le bien nommé illustre avec intelligence les possibilités qu'offrent les dernières technologies d'animation, en terme de superposition d'images réelles et de graphiques dynamiques et virtuels. Leur conjugaison fait prendre conscience, dans un ultime plan, de la face cachée de la réalité, autrement dit de ce qu'on ne sait plus voir.

La transition est alors parfaite pour amorcer le voyage vers un Proche-Orient imagé, animé et profondément clairvoyant.
Ari Folman, avec Valse avec Bachir, entreprend, dans un dernier effort pour interpeller la communauté internationale, de mettre en lumière l'un des faits les plus marquants du conflit israélo-palestinien.
Cet épuisement des peuples est résumé, dès les premières images, par la course effrénée d'une bande de chiens galeux dans ces rues où tout le monde vit la peur au quotidien. Hiver 2006. Dans une ville parmi d'autres de Palestine. 26 exactement. 26, c'est le nombre de chiens que l'ami du cinéaste a dû tuer dans les premiers jours de la guerre du Liban. Tuer pour que règne enfin le silence complet sur un de ces villages victimes des flambées de violence, suite à l'assasinat du Président chrétien libanais Bachir Gemayel, le 14 septembre 1982.
Le lendemain de cette rencontre fortuite, Ari Folman part à la recherche de son passé voilé. Il décide d'aller interpeller ses anciens compagnons d'armes... Ce flash-back de 20 ans permettra peut-être de remettre les souvenirs en place, mais pas le coeur.
Les illusions perdues, les souffrances mémorielles, voire les hallucinations de ses frères châlonnent le récit. Tel un train parcourant des plaines tour à tour désertiques, arides ou immolées par le sang et et le feu, l'histoire deviendrait presque insoutenable mais on ne souhaite qu'une chose, aller jusqu'au bout du tunnel pour découvrir avec Ari la vérité sur les massacres de Sabra et Chatila, perpétrés par des milices chrétiennes libanaises vengeresses. Un train peut en cacher un autre, dit la pancarte. Un train qu'on ne souhaiterait plus revoir passer, tant il traîne d'actes inhumains et de souvenirs atroces derrière lui.
La forme de l'animation documentaire n'enlève alors rien à la lucidité du regard ; elle permet simplement de tenir le spectateur - est-ce un bien ou un mal ? - en haleine jusqu'à la fin. Un final ô combien terrible puisqu'il expose enfin la vérité glaciale des images prises par la télévision britannique, lors du massacre dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban.

Pour beaucoup, le moral est au plus bas à la sortie de la projection. Les uns se dirigent alors vers le bar installé pour l'occasion, les autres - les moins secoués - grognent encore d'avoir ainsi été floués par l'organisation. Comme si l'animation devait forcément véhiculer un message joyeux, sous la forme de "vidéos bonbons"... L'animation n'est-elle pas au contraire un terrain d'expérimentations propice au dépassement des bornes du bien et du mal, propice aux écritures innovantes. The Dark Side of The Moon, comme l'illustrera jusqu'à la nuit des temps Pink Floyd, est aussi le lieu qui du blanc peut faire naître l'arc-en-ciel.

Après cette courte pause métaphysique, le retour sur terre est immédiat avec un nouvel épisode de Léon, (T)erreur de la savane, puis avec le film cynique au possible de l'Allemand Bert Gottschalk, Lazy Sunday Afternoon.
Dans le désert, un vautour savoure le calme d'un après-midi sous le soleil torride. Soudain, un véhicule bruyant ruine la tranquilité de la scène en venant percuter le nid de notre personnage. Deux pistoleros sortent de la voiture, achèvent une demi-douzaine de bières et s'apprêtent à se battre en duel... Sorte de "battle" tragi-comique, ce film au noir et blanc épuré révolutionne le genre du western hollywoodien.

Petit retour vers des contrées plus merveilleuses avec Varmints. Tout est dit sans dialogue, juste une musique et des effets dernier cri. Une poésie à fleur de peau s'approche de votre fauteuil, enveloppe votre regard, réchauffe votre coeur, et vous narre la joie qui disparaît chez une petite créature qui pourrait être vous. Ce conte envisage l'emprise de la solitude urbaine sur un petit clown blanc et triste, qui se raccroche aux souvenirs de sa campagne natale comme à un paradi perdu. Les images sont à la fois douces et fortes. Quelques références ponctuent le récit. Tel plan sur un soleil rouge rappelle l'affiche du film de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now. Tel autre décrivant la marche d'énormes pieuvres venues déloger notre ami peut nous faire penser aux machines envahisseuses de La Guerre des Mondes de H.G. Wells, dernièrement mise en images par Steven Spielberg.
Ce n'est rien moins qu'un très beau film. Mon coup de coeur de la sélection.


Enfin, comme pour confirmer le talent des organisateurs, un dernier court-métrage vient clore, avec jouissance et malice, ce second volet. Logorama est une véritable histoire de fous. Ou d'abord une histoire de marques...Oh on s'y perd! Logorama, avant d'être réalisé par le collectif H5 et retenu par la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2009, est un film dont les héros sont des logotypes.
Dans ce formidable pastiche de film d'action, on découvre le vrai visage de Ronald MacDonald, individu à la figure patibulaire et à l'esprit dérangé. On apprend que Bibendum se sert du Uzi comme d'un pistolet à eau avec lunette Leica. On assiste aux 400 coups de Haribo, au réconfort très maternel d'Esso, et au sex-appeal plus que dérangeant de Mr. Springles ! Une histoire de LOGOS riGOLOte (A répéter 10 fois sans s'arrêter) !
Seulement, au départ, rien ne va plus. Une course poursuite, des virages à faire crisser les pneus Michelin, des coups d'accélérateur à faire rugir le moteur IBM, une prise d'otages qui tourne mal...et bien plus encore ! Alors, à vos marques ?!

Ce qui devait arriver arriva.
Top! Je suis un lapin blanc anthropomorphe, j'exerce en tant que toon la profession d'acteur pour Maroon Cartoons à Hollywood dans les années 40. Je suis anxieux, gaffeur et je porte une salopette rouge et un noeud papillon. J'ai été la victime d'une scandaleuse erreur judiciaire qui a failli me coûter la peau...
Enfin, je suis le héros d'un film réalisé par Robert Zemeckis, sorti dans les salles en 1988... Je suis? Je suis?

Roger Rabbit a littéralement marqué l'enfance de tout enfant bien né. Il a traumatisé les uns, il a rendu fou les autres. Pour d'autres encore, il a suffi d'un film, Who Censored Roger Rabbit?, pour tout connaître de Toontown.
Ce film d'animation incroyablement précurseur est une page ineffaçable de la mémoire audiovisuelle collective. Qui n'a pas jubilé devant les pitreries de Roger ? Quel enfant - même du haut de ses 21 ans - n'a pas craint pour sa vie ?
Même à 2h00 du matin, si le rire est parfois nerveux devant les catastrophes en série, le moment reste jouissif. La qualité ne compte pas le nombre des années, ni des heures.

Pour moi en effet, il est temps d'aller rejoindre Alice au pays des Merveilles. Il est 3h00 du matin. Il est encore l'heure de se dire 'bonsoir', il est déjà l'heure de se dire 'bonjour'.

[Concert] 09.10.09 – Archive @ Aéronef (Lille)

C’est vers 20h30 que, le vendredi 9 Octobre, nous nous enfonçons parmi une foule de tous âges afin d’assister au concert d’Archive à l’Aéronef de Lille. Force est de constater qu’un tel concert rassemble autant les jeunes que les adultes, à l’image d’une amie de mes parents que j’y rencontre, accompagnée de son fils. Trente ans d’écart, et pourtant, ce concert les rassemble.

Alors on se questionne un peu, et puis on se rappelle la subtile influence de Pink Floyd sur le groupe, et l’on comprend soudainement. Car Archive, malgré sa propre originalité, ses aspects électro et trip-hop, a beaucoup puisé chez ces piliers du rock, non seulement pour leur côté progressif, mais aussi pour leurs atmosphères et leurs ambiances si particulières. Ainsi, chacun parmi la foule, malgré la différence d’âge, en a pour son compte. Les plus jeunes remueront frénétiquement la tête sur les beats trip-hop, tandis que les plus âgés se laisseront emporter par l’ambiance aérienne des morceaux.

Mais avant tout cela, la scène laisse place à Birdpen, groupe électro-rock fondé en 2004 par David Penny, guitariste et chanteur d’Archive. Leur set est déjà entamé lorsque nous entrons, et ce n’est que du fond de la salle que nous apprécions leur musique. Penny confirme son excellente voix, le long de morceaux « mixant le rock, une pop sombre, et quelques touches électroniques », dixit le magazine Stadpark. Un mélange qui, dans les mots, peut sembler très proche d’Archive, pour un résultat pourtant bien différent, ce qui a pour effet de nous préparer parfaitement pour la tête d’affiche, sans un instant nous lasser l’oreille.

David Penney, guitariste, chanteur et clavier.

James Livingstone Seagull, batteur.

Mike Bird, guitariste, clavier.

Durant l’entracte, on en profite pour se frayer un chemin dans le cœur de la foule, se mêler aux inconditionnels du groupe et faire face à la scène. Retentie l’intro du premier titre de leur nouvel album, sorti en mars 2009, « Controlling Crowds », acclamée par le public, et Archive entre enfin en piste, acclamé de plus bel et nous gratifie de ce morceau hypnotique pendant que sur l’écran se déroule une marche interminable de personnages tous identiques, de blancs vêtus et affublés d’un masque blanc, rappelant une fameuse scène du film Metropolis, entrecoupée d’une spirale noire sur fond rouge.


L’écran restera omniprésent durant tout le concert, accompagnant le texte et le son d’images, mettant en lumière une ambiance, illustrant un thème, ou permettant le rapprochement dans le temps et l’espace de Maria Q, chanteuse pour Archive depuis l’album Lights de 2006.
Le groupe ne perd pas de temps, et comme pour nous habituer les oreilles, enchaine sans interruption sur le second titre du dernier album, « Bullets », aussi premier single de la galette, tandis que Darius Keeler, membre fondateur du groupe, rappelle un chef d’orchestre, battant frénétiquement le rythme du poing.

Darius Keeler, un des deux membres fondateurs du groupe.

Danny Griffiths, second membre fondateur.

Jamais deux sans trois, voici « Words On Signs », troisième morceau de l’album, et troisième morceau à être joué ce soir. Cette fois, Pollard Berrier, chanteur des deux premiers morceaux, laisse le micro à Dave (David Penney), pour ce morceau fort mélancolique.

Et puis, au fil des chansons (qui voient le micro passer tour à tour de Pollard, à Dave, à Rosko John, rappeur de 94 à 96, et de retour depuis 2008, et, d’une certaine manière, à Maria Q pour la chanson « Collapse/Collide ») on comprend vraiment pourquoi la tournée s’appelle « Controlling Crowds », le groupe nous enchainant les chansons de leur dernier album, dans l’ordre précis du disque. Ce n’est qu’après 9 morceaux (les 9 premières pistes de « Controlling Crowds », donc) que la setlist varie un peu avec un morceau inédit, « Lines », deuxième piste de leur album à sortir en ce 19 Octobre « Controlling Crowds Part IV », enchainé sur « The Empty Bottle », troisième piste de ce prochain album. Décidement...

Steve Harris, non, pas le bassiste d'Iron Maiden, le guitariste d'Archive !

Jonathan Noyce, bassiste.

Smiley, batteur.

Le groupe quitte petit à petit la scène, sur fond de « Funeral », dernière piste de Controlling Crowds, un instrument disparaissant à chaque fois, pour finalement laisser le public réclamer un « Encore » sur fond de chœurs quasi religieux. Alors que l’on pourrait regretter l’absence de diversité de la setlist, comme précisé plus haut (le groupe a tout de même 6 albums à son actif, sans compter la B.O. composée pour le film Michel Vaillant), le groupe revient se faire pardonner avec un rappel plus diversifié, avec quatre de leurs titres les plus connus, issus de « Londinium » (1996), « You All Look The Same To Me » (2002) et « Lights » (2006). Mais c’est surtout avec « Numb », au riff très rock et au final prolongé, et la mythique et planante « Again » de près de 17 minutes (la vidéo est la version courte), que le public, sentant la fin, se lâche à fond et part en transe. Une manière peu risquée de la part du groupe, mais très habile, et tellement délicieuse, de finir le concert en beauté et s’assurer un public totalement conquis. J’en suis.

Pollard Berrier, chanteur et guitariste occasionnel.

David Penney, guitariste et chanteur occasionnel.


Setlist complète du concert :

01 – Controlling Crowds
02 – Bullets
03 – Words On Signs
04 – Dangervisit
05 – Quiet Time
06 – Collapse/Collide
07 – Clones
08 – Bastardised Ink
09 – Kings Of Speed
10 – Lines
11 – The Empty Bottle
12 – Funeral

– Rappel : –
13 – Numb
14 – Sane
15 – System
16 - Again


Photos : TomA pour scenesdunord.fr

mardi 6 octobre 2009

[Concert] Didier Super fête la crise ! @ l’Aéronef (Lille)

Et c’est une fête qui dura près de 6h.
Rassemblant des artistes aux textes humoristiques, Didier Super en maître et créateur de soirée (la salle lui a laissé carte blanche), le festival se voulait aussi solidaire, en demandant aux spectateurs de ramener avec eux des dons alimentaires afin de bénéficier du bas tarif de ce spectacle : 10€, tarif « y’a pas que des riches ! » (C’était ça ou payer sa place 600€ pour le tarif « rien à foutre des pauvres ! »).

Quand on laisse carte blanche à Didier Super, il faut s’attendre à tout. Bah oui, c’est quand même lui qui chante « les enfants [...] faut les brûler », « Clochard, va te laver au lieu de boire », ou autre « tu préfères bosser à la chaîne alors que tu t’ferais dix fois plus si tu vendais du shit ... hé bah t’es con » ; qui va pisser sur les murs d’Universal, son label ; ou chanter « Joyeux Anniversaire » sur le mémorial de Lady Diana le jour anniversaire du fameux accident. Bref, un artiste provoc’, à prendre au 1000ème degré, qu’on adore ou qu’on déteste.

Mais grâce à lui, on peut dire qu’on en a eu pour notre argent. En effet, de 1), 10€ pour 6h de spectacle, ça se prend (quand on voit que 2h de Sardou ça vous coûte près de 50€ ...). De 2), on en a eu plein les yeux et plein les oreilles :



Le programme a tout d’abord commencé avec un spectacle de BMX des « Têtes de Vainqueur », composées de Didier Super lui-même et de son ami Fabrice. Précisons tout de même qu’Olivier Didier Haudegond (alias Didier Super) est un ancien professionnel de BMX et que son ami Fabrice est cascadeur BMX. Bref, pas un show de débutant, quoi. Et le tout, bien entendu, saupoudré de grosse déconnade, de blagues, de petites remarques pleines de sel sur notre société (par exemple, Didier qui souligne ironiquement notre désir de voir en direct rater une des cascades et de voir du sang) et accompagné d’un Final Countdown d’Europe en boucle, joué via une minable chaîne hifi. Et en plus, c’était gratuit. (le contrôle des tickets ne s’effectuant qu’après, n’importe qui aurait pu y assister)



Fabrice décapsule, à l'aide de son BMX, une canette que Didier tient dans sa main, allongé par terre.


Directement après ça, les nostalgiques des 90’s foncent réaliser un rêve de gosse : voir Corbier en live, l’ancien acolyte de Dorothée. Mais attention, pas question de rejouer des morceaux de l’époque : « je suis pas là pour alimenter votre syndrome de Peter Pan, vous êtes grands maintenant ! », précise-t-il à un spectateur qui lui demandait pourquoi il n’avait pas joué de chansons du Club Dorothée (en même temps quand on réécoute des morceaux comme « Sans Ma Barbe », on comprend pourquoi Corbier tient à oublier cette époque). Mais ce n’est pas pour autant qu’on a été déçu. Corbier a eu un énorme succès (son nom fut scandé à plusieurs reprises, et même lorsque d’autres artistes étaient sur scène) et nous a gratifié de chansons aux textes délicieusement drôle, alternance de chansons longues et de chansons courtes (appelées "chansons flashs"), et presque plus percutantes et hilarantes que celles au format long (comme par exemple : « Lâché par son père, trahi par ses frères ... le Christ sur la croix n’a pourtant pas baissé les bras »). Et en plus le public avait sa part de participation dans les chansons, répétant les refrains, chantant les chœurs, etc. Bref, une demi-heure de bonheur. L’homme quitte la scène, et part rejoindre sa femme derrière son stand de CD.

(désolé pour la qualité des photos, elles sont prises avec mon portable, dans une salle obscure et de loin !)

Débarque Didier Super en solo, accompagné uniquement de sa guitare ou sa fameuse boite à rythme, la recette avec laquelle il a démarré et avec laquelle il s’est forgé un petit public. Nouvel instant de bonheur, Didier nous régale de textes drôles et corrosifs, de provocation facile et de je-m’en-foutisme (il s’allume une clope en plein milieu de son concert, s’assoit, et déclare prendre sa pause). Personne n’est épargné par Didier Super : la gauche, la droite, les juifs, les musulmans, les homosexuel(le)s, la religion, les femmes, les enfants, le show business, les pauvres, la mort (bah oui, la mort, c’est pas génial, il fallait bien un chanteur engagé pour écrire une chanson contre. « La Mort, finir dans une tombe, y’a pas moyen, plutôt crever ! »), les noirs, les cons, son propre public ... Bref. Ca vise tout le monde,, ça fait pas dans la dentelle, et c’est ça qu’on aime. Après avoir joué de nombreux titres inédits, il termine son set par son tube le plus connu « Y’en a des Biens » , en playback affirmé et quitte la scène avant la fin de la chanson, laissant la bande son tourner.


Après cette bonne tranche de rigolade, c’est Paulo Anarkoa qui se produit dans un coin de couloir, en dehors de la salle, reprenant du Iron Maiden ou autres Black Sabbath à l’orgue de barbarie. Le monsieur a tout de même été l’objet d’un long métrage réalisé par son fils, récompensé au festival du film grolandais de Quend-Plage. Tout en écoutant d’une oreille distraite, j’en profite pour me tirer le portrait avec Corbier et lui demander un autographe.


Puis c’est la décevante Pamela Burnes qui se produit sur la scène, très rock’n’roll. Trop rock’n’roll. A force d’appuyer le côté « sexe débauche et alcool », ça lasse. Pamela Burnes était surjouée. Positions lascives, remarques se voulant obscènes (« ça y est, vous bandez, ou c’est encore tout mou ? Parce que moi j’suis chaaaaaude » ...), galoches avec son guitariste Zifridi ... Le tout était très médiocre, malgré une musique ma foi pas dégueulasse.


Entraient ensuite en piste Karlit & Kabok, duo lyonnais de hip hop comique accompagné d’un DJ, pouvant rappeler parfois du TTC ou du Stupeflip, mais en plus burné et hardcore. Première expérience hip hop en live pour moi, et première expérience de DJing en live. Ma foi, ça promet du bon pour Beat Torrent le 23 et I <3 Techno.



Restons dans le milieu, et c’est MC Circulaire qui débarque de sa Vendée pour venir nous jouer son « Ploucsta Rap » sur la scène lilloise. « Ploucsta Rap », ou rap de plouc, vantant la Fuego ou la 103 SP, l’ambiance des gradins de football et les bastons entre supporters, ou virant dans le glauque et le cradingue avec des titres comme « Sodomie » et son magnifique refrain : « la vaseline c’est pour les pédés, moi j’y vais à sec avec du gravier ». Une recette amusante, mais lassante, surtout que je ne suis pas fan de rap et de tous les « wesh ma gueule », « pull up » ou « 85 riprizente ». Mais bon, ça fait bien bouger la tête quand même, et ça fait parfois rigoler, souvent sourire.


Et pour clore la soirée, Didier Super revient, sur fond de « Allumer le Feu » de Johnny Hallyday (pour ceux qui connaissent bien Didier, vous noterez la blague), accompagné de son groupe, Zeu Discomobile, jouer quelques morceaux de leur nouvel album (sorti le 5 Octobre), constitué de reprises de diverses chansons en version punk-rock, comme « J’ai Encore Rêvé d’Elle » de Il Etait Une Fois, ou la reprise d’Hallelujah par Jeff Buckley. D’où le nom de l’album, le bien nommé « La Merde des Autres ».


Mais Didier n’était bien sûr pas là que pour la promo, et ce n’est que 3 nouveaux titres que nous avons eu, agrémentés le long d’une setlist composée de tous ses tubes et de nombreux morceaux de son précédent album « Ben Quoi ? » (la quasi totalité, exceptés quelques pistes et les interludes), ainsi que quelques variantes (comme « Petit Mongol en Short, Gosse de Vieux », variante du « Petit Caniche, Peluche Pour Vieux » de son premier album, et de « Petit Anarchiste, Casse Couille Pour Vieux » de son précédent album), et parsemée de divers jeux de scènes (Didier qui, durant une chanson, va se placer derrière la fosse, avec les techniciens du son ; Didier qui disparait, laissant ses musiciens chanter « Petit Papa Chinois » ; fausse embrouille entre membres du groupe : tandis que Didier s’apprête à chanter « Comme Un Enfant Au Brésil » - dont le refrain est, rappelons le, « les enfants ça serre à rien. Faut les brûler comme au Brésil ! » - Son batteur, puis son bassiste, quittent la scène, faussement outrés par ses paroles, laissant Didier finir sa chanson tout seul).






Bref, pour conclure, « Didier Super Fête la Crise », ce fut de la franche rigolade durant presque 6h, un véritable spectacle comique en plus d’un concert musical. Que demander de plus ?


samedi 3 octobre 2009

[Music] KASABIAN : West Ryder Pauper Lunatic Asylum


As-tu déjà goûté au petit dernier des "fous du stade" repentis, ces gamins de Leicester qui ont pour nom KASABIAN ?

Depuis l’album éponyme en 2004, et succédant à la construction d’un Empire en 2006, Kasabian a fait un sacré bout de chemin. Son chemin épileptique vers un West Ryder Pauper Lunatic Asylum.

Avec ce nouvel opus, le groupe opère un retour aux origines, d’abord de leur patronyme, ensuite d’une certaine idée du rock US.

Et si le mot « kasabian » n’apparaît dans aucun dictionnaire de ta bibliothèque, c’est pour la simple et bonne raison qu’il fait référence à l’histoire sombre de l’Amérique des Sixties.

Petit retour en arrière, à l’époque où les serial killers faisaient trembler le Nouveau Monde. Nous sommes dans la Californie des années 60. Les communautés hippie battent leur plein, transforment les drogues sud-américaines en produits de consommation de masse, et font salle comble avec des musiques venues de l’espace…

L’une d’entre elles, « La Famille », qui a pour patriarche Charles Manson, ne manquera pas de mener cette débauche jusqu’à l’extrême. Enfant de la misère et de l’alcool, Charles voit, à cinq ans, sa mère incarcérée pour vol à main armée. A 16 ans, après plusieurs peines d’internement, il est jugé « agressivement antisocial » par les médecins.

Dans cet environnement désœuvré et voué à la mise sur le carreau, l’album blanc des Beatles devient, par le fruit du hasard, l’objet obsessionnel de Charles.

En tant que leader aux allures christiques de « La Famille » Manson, il associe des extraits de la Bible avec les textes des « Fab Four », et conçoit une prophétie selon laquelle les Noirs allaient bientôt dominer les Blancs et se tourneraient vers lui pour diriger leur nouvelle nation. Afin de précipiter cette prophétie, il demande en août 1969 à quelques-uns des membres de sa communauté de commettre des assassinats dans les beaux quartiers de Los Angeles.

Le 9 août 1969, Charles "Tex" Watson, Patricia Krenwinkel et Susan Atkins, membres de « La Famille », pénètrent dans la maison de Sharon Tate, femme de Roman Polanski, alors enceinte, et la tuent.

Pour revenir à nos « brebis égarées », l’une de ses adeptes, Linda Kasabian, participe également à l’assassinat. Restée à l’extérieur, près de la voiture, elle est surveillée par la police au moment du meurtre. En échange de son témoignage et au vu des sentiments humains qu’elle seule parvient à exprimer, Linda Kasabian obtient une immunité juridique. Et une postérité, jusqu’à aujourd’hui méconnue.

Avec un tel « état civil », le groupe n’est pas né pour faire dans la demi-mesure. Au fil des prestations studio and live se confirme leur goût prononcé pour le son rocailleux et la brutalité des red necks [expression péjorative désignant le stéréotype de l’Américain vivant en milieu campagnard].

Dignes héritiers du « Madchester » [le Manchester en crise de folie underground] des années 80, avec les Stones Roses et les Happy Mondays en fer de lance, leur leitmotiv reste plus que jamais de faire danser avec une voix criarde, comme toute droite sortie du gosier d’un pilier de saloon, des beats sourds et des guitares acides.

Quand on vous parle de « retour aux sources », ce ne sont pas des paroles prophétiques jetées en l’air ! West Ryder Pauper Lunatic Asylum démarre comme un road-movie à la sauce No Country for Old Men (pour les cinéphiles). On s’écarte juste un peu de la Route 66 pour ouvrir le champ aux instincts bestiaux les plus prolifiques de l’âme humaine. On entre dans une histoire décalée de la civilisation américaine. Une civilisation citée en exemple pour ses dérapages incontrôlés. Sur des chemins de traverse, plus poussiéreux.

Cet album nous transporte alors, depuis les canyons arides et dépouillés de Monument Valley jusqu’aux contrées boisées de l’Oregon. Avec West Ryder Silver Bullet, on croirait suivre les pas d'un "lonesome cowboy" addict, égaré dans un Farwest post-moderne. Avec Thick As Thieves, on croirait entendre la douce mélancolie du trappeur ressourcé par sa communion avec la nature. Magnifique et surprenante ballade.

Et, pour que le tableau soit complet, Kasabian dessine avec ses couleurs la Californie que nous connaissons bien, plus ou moins fantasmée, avec ses plages soleil couchant et sa jeunesse dorée. Ladies and Gentlemen, Roll the dice, morceau doucereux à souhait, nous rappelle les harmonies vocales complexes et mélodiques du groupe phare de la surf music. Les Beach Boys, rien que ça.

Entretemps, avec Vlad The Impaler, nos guides très sanguins nous auront entraînés dans les bas-fonds suintants du centre de l'Angleterre. Au détour d’une ruelle qui sent bon la bière tiède, on croit apercevoir les Beastie Boys.

Enfin, pour occuper le temps du voyage depuis la perfide Albion, Kasabian nous a fait passer par le Hindu London avec, dans les oreilles, un Where did all the love go ? aux sonorités toutes orientales. Avant de nous offrir une visite chez Pink Floyd. Les vocaux de Fast Fuse rappellent en effet la période « psyché » du groupe formé en 1954, tandis que Secret Alphabets résonne encore dans les tympans les plus avertis comme un hommage appuyé au père fondateur, Syd Barrett. La voix d’un génie instable. Un génie, quoi. Une sorte de déambulation, comme un moyen pour le groupe de chasser les mauvais démons avec sérénité.

Et rien de mieux qu'une touche de gospel pour exprimer un état d'esprit délivré du doute, pour conduire l’âme d’un groupe repenti jusqu’au bout de l’extase. Happiness !

On pense alors au dernier album de Gorillaz, Demon Days, dans lequel Damon Albarn et sa troupe n’hésitent pas, eux non plus, à faire venir un chœur pour clore la messe.

La coïncidence n’est pas vaine puisque, pour les deux groupes, un seul et même chef d’orchestre est aux manettes. Dan The Automator, producteur aux multiples facettes, est aussi celui qui a tout récemment offert une cure de jouvence au tube old school, Rapper’s Delight.

Sans peur ni reproche, le contrat de nos quatre tueurs à gages est donc rempli avec ce retour gagnant (et dépassé, enfin!) aux sources du hard rock arrogant qu'on aime tant !

Alors, bonnes pour l’asile, nos « idoles » du rock ?