dimanche 21 mars 2010

[Découverte de la région] Delbi

Depuis près de 4 ans maintenant, Romain D., alias Delbi, promène ses instruments de scènes en scènes de la région. De premières parties en petits concerts, Delbi a su s’entourer d’un petit groupe d’inconditionnels fans et jouer aux côtés d’artistes reconnus comme Java, Benabar, Benjamin Biolay, le regretté Mano Solo ou de groupes lillois comme Roken Is Dodelijk, faisant partager sa musique « white folk, black groove » (1).



Pour les Héros de Bacchus, Delbi se décrit : « Delbi, c’est un projet solo, guitaristique et électronique » (2). Car sans l’électronique, Delbi ne serait pas. Ce qui fait son originalité, c’est qu’il joue principalement de la guitare, mais que sa musique se fait avant tout avec les pieds.



A l’aide de pédales en tout genre, Delbi sample, Delbi loope (sans se rater), et construit, sous vos yeux, ses morceaux. Un riff de guitare tourne en boucle, auquel se rajoutent d’autres notes, puis du beat box, puis des maracas, du triangle, du synthé … Au final, on assiste à la superposition de couches musicales, une par une, créant progressivement un morceau complet. C'est un peu comme assister à la fabrication d'un délicieux mille-feuilles, ça met en appétit. Même si Delbi ne s’affilie pas au minimalisme, Terry Riley ou Steve Reich ne semblent parfois jamais bien loin dans la composition (boucles, superpositions et variations), mais disparaissent bien rapidement quand le morceau a pris forme et nous livre ses sonorités folk-blues aux influences aussi variées que Björk, Led Zep’, RATM, Beethoven ou Jeff Buckley, bien que si l’artiste ne devait en citer que trois, il vous dirait « Merz / Muddy Waters / My Brightest Diamond ».




En soit, Delbi est donc un groupe à part entière, et il nous l’affirme, être seul sur scène « ça file le frisson ». Mais Romain n’a pas toujours été seul : « J'ai commencé le groupe LULU (composition et interprétation) en 1998, je jouais en parallèle dans un groupe de rue, les Tchobello. J'avais des chansons de côté depuis longtemps, que j'ai eu envie de jouer rapidement. C'est pour ça que je me suis lancé en solo ».

C’est donc au fil des années à côtoyer les instruments que Delbi s’est construit une identité musicale, mais son goût de la musique, il le doit avant tout à son père : « En général, il y avait des instruments chez moi, j'en jouais, mon père chantait le blues ». C’est avec un humour particulier que Delbi raconte aux Héros de Bacchus ses choix d’instruments et sa manière de composer : « Je prends les instruments tels qu'ils se présentent à moi, notamment ce sur quoi on peut taper ou gratter, je suis nul en instruments à vent. De toute façon je suis asthmatique ... » « En repet, [la création musicale] est spontanée, je me laisse porter par la musique et les boucles, les structures viennent bien après. Mais j'aime aussi le chocolat. »

Avec un EP de 6 morceaux en poche, Delbi continue à écumer les salles de la région, et même plus loin. Car Delbi, il faut le faire en concert, là où se construit la musique, précisément, minutieusement, où chaque nouvelle couche musicale vous cloue un peu plus sur votre siège ou vous fera remuer un nouveau membre de votre corps : on remue la tête, puis on tapera du pied, avant de frapper dans ses mains et finir par plisser le visage à mesure que le morceau vous prend aux tripes. Tandis que le CD dans la chaine hifi, les morceaux déjà finis, la magie se perd un peu. Entre le live et le studio, sans hésitation, on préférera très certainement le live. Delbi, lui, son format préféré, c’est « A4 ».




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(1) http://www.myspace.com/delbimusic
(2) Extrait de l’interview complète réalisée par les Héros De Bacchus pour
flatboyslille.blogspot.com disponible à cette adresse. Toutes les citations présentent dans la suite de cet article proviennent de cette interview.

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