
SMD, c'est un tandem. Celui des artistes/producteurs James Ford et James Anthony Shaw aka Jaz, tous deux ex-membres du groupe Simian. Après un premier album salué par la critique et le public, suivi d'un disque de remixes et d'un mix live enregistré au Club Fabric à Londres, le combo revient avec un second opus, le très (le trop?) pop Temporary Pleasure (Wichita/Cooperative Music/PIAS).
James et Jaz ont tous les deux 30 ans, vivent à Londres et se sont rencontrés à Manchester au milieu des années 90 alors qu'ils étaient étudiants.
James et Jaz ont tous les deux 30 ans, vivent à Londres et se sont rencontrés à Manchester au milieu des années 90 alors qu'ils étaient étudiants.
"J'ai simplement lu une petite annonce dans les couloirs de la fac qui disait 'groupe cherche batteur'. Je venais juste de commencer la batterie, mais je suis quand même allé voir ces mecs, Jaz et Alex MacNaughten, qui jouait de la basse. On a fait des répéts et ça a fonctionné. On a ensuite rencontré le chanteur Simon Lord et c'est ainsi que Simian est né." James
Tout se passe ensuite très vite - trop vite - pour Simian qui, sur la bonne foi de quelques maquettes, est immédiatement signé par Source UK, qui en fait l'une de ses priorités.
Tout se passe ensuite très vite - trop vite - pour Simian qui, sur la bonne foi de quelques maquettes, est immédiatement signé par Source UK, qui en fait l'une de ses priorités.
"On a beaucoup appris avec Simian, notamment de nos erreurs. On n'aurait pas dû signer sur une major qui nous a trop exposés. A force de faire des tournées en tête d'affiche et des concerts pour la presse alors que le groupe venait juste de se former, on est passé directement de nos chambres d'étudiants au devant de la scène sans avoir eu le temps de grandir. Le groupe n'y a pas résisté." Jaz
Après deux albums mixant brillamment psychédélisme, électronique et pop music (Chemistry Is What We Are, en 2001, et We Are Your Friends, en 2002), le groupe ne rencontre pas le succès durable escompté malgré des hits potentiels (La Breeze et Never Be Alone)... Nous sommes au début du siècle, l'heure anglophone n'est plus aux expériences musicales hybrides mais bien au retour du rock basique, avec les Strokes, les Libertines, les White Stripes ou encore les Kills...
Simian explose en pleine tournée US, "dans un restaurant de poissons en plein milieu du Texas, souligne James en souriant. Nous avons vécu le syndrome du second album jusqu'au bout : le split lors de la première tournée aux Etats-Unis." Et Jaz de renchérir : "Un grand classique pour les groupes anglais. Nous n'avons pas réussi à échapper à ce cliché, nous en rigolions même entre nous."
Des cendres de Simian naît pourtant une hydre à deux têtes, l'une blonde et émaciée, l'autre pas... Cet animal prenait vie lors des aftershows du groupe, et s'emparait des platines pour assouvir sa passion pour l'électronique et la dance music.
Des cendres de Simian naît pourtant une hydre à deux têtes, l'une blonde et émaciée, l'autre pas... Cet animal prenait vie lors des aftershows du groupe, et s'emparait des platines pour assouvir sa passion pour l'électronique et la dance music.

"Nous n'avions pas vraiment l'intention de former un nouveau groupe, ni de sortir un album par la suite. L'idée première était d'échapper au format rock et de retrouver le plaisir primaire de la musique de club." James
Les prestations du groupe touchaient par là même un public plus large, faisant se rencontrer deux cultures musicales différentes. Un peu dans la même veine que l'entreprise des frères Dewaele avec, d'un côté, leur groupe electro-rock Soulwax, de l'autre, le combo 2 Many DJ's.
Fini la messe en latin, James et Jaz font tomber le masque pour la première fois avec un titre de Simian au destin étrange et fulgurant :

C'est ensuite l'explosion. Il faut dire que nous avons affaire à de véritables producteurs, qui collaborent en studio avec des pointures. "On produit soit ensemble, soit séparément en général quatre albums par an (Klaxons, Arctic Monkeys, The Last Shadow Puppets, Invasion,...). Ceci nous procure beaucoup d'idées et de matière pour SMD."
Pas étonnant donc que leur premier album Attack Decay Sustain Release (A.D.S.R., soit les paramètres de l'enveloppe d'un son : sa naissance, sa vie et sa disparition sont les conséquences de la modulation effectuée) cartonne.
Un opus qui alimente les tendances, balançant de gros tubes avec une électro bien grasse, débordante d'énergie. Idéale pour les esprits favorables à la Réforme perpétuelle.
James évoque sa genèse : "Nous écoutions beaucoup d'acid house avant l'enregistrement d'Attack Decay Sustain Release, ça nous a forcément influencés. On a cherché d'une certaine manière à recréer l'atmosphère et la magie de cette période [à la fin des années 80 en Angleterre, les journaux locaux relatent comment les ravers ruinent les champs à tour de bras]."
Pendant que Jaz parle de la technique de prod' : "Oui, cela vient aussi des machines vintage que nous avons utilisés. Rien n'était prémédité sur ce disque. C'était vraiment deux mecs en studio qui enregistrent live en enchaînant le plus rapidement possible. Nos meilleurs morceaux étaient souvent dans la boîte en moins d'une journée. On a vraiment voulu privilégier l'instinct et la spontanéité plutôt que la réflexion. Capter l'énergie créatrice [...] et rendre perceptible ce travail sans avoir l'air de deux nerds qui checkent leurs mails..."
Hommage vibrant, physique et sensuel à la house-music, cet album est tout bonnement explosif et hédoniste. Après une plongée en apnée le coeur battant (Sleep Deprivation), il pousse son naufragé vers les rives de l'acid-house from Detroit (I Got This Down). A peine sorti d'un trip sous ecstasy (It's The Beat), il l'embarque, de manière directe voire racoleuse (Hustler), pour des expériences psyché alarmantes (Tits & Acid), comme témoin d'une manipulation génétique et mélodique (Wooden),... Ces deux savants fous revisitent ainsi tantôt les premiers âges de la house, tantôt le son garage, sans oublier la pop synthétique plus consensuelle (I Believe, Love).Pas étonnant donc que leur premier album Attack Decay Sustain Release (A.D.S.R., soit les paramètres de l'enveloppe d'un son : sa naissance, sa vie et sa disparition sont les conséquences de la modulation effectuée) cartonne.

James évoque sa genèse : "Nous écoutions beaucoup d'acid house avant l'enregistrement d'Attack Decay Sustain Release, ça nous a forcément influencés. On a cherché d'une certaine manière à recréer l'atmosphère et la magie de cette période [à la fin des années 80 en Angleterre, les journaux locaux relatent comment les ravers ruinent les champs à tour de bras]."
Pendant que Jaz parle de la technique de prod' : "Oui, cela vient aussi des machines vintage que nous avons utilisés. Rien n'était prémédité sur ce disque. C'était vraiment deux mecs en studio qui enregistrent live en enchaînant le plus rapidement possible. Nos meilleurs morceaux étaient souvent dans la boîte en moins d'une journée. On a vraiment voulu privilégier l'instinct et la spontanéité plutôt que la réflexion. Capter l'énergie créatrice [...] et rendre perceptible ce travail sans avoir l'air de deux nerds qui checkent leurs mails..."
Le voyage s'achève au milieu de nappes sirupeuses, vers des contrées sacrées, extatiques et réservées aux immortels (Scott). Une épopée sidérale.
Alors que la minimale se désincarne dans une abstraction laborieuse de fin de siècle et que la "maximale", envahie par les clones de Justice et Boys Noize, ne cesse de nous compresser les neurones dans une débauche de "sound effects" parfois superflus, SMD incarnait jusqu'à tout récemment une issue idéale pour les musiques électroniques, sans risque de dérive depuis le ponton du XXIe siècle naissant.
Tout à la fois inventif, ludique et érudit, Attack Decay Sustain Release, sorti en juin 2007, parle finalement autant à nos pieds qu'à nos têtes en mixant avec malice expériences sonores et gimmicks accrocheurs. James confiait alors que l'important était de concilier ces deux facettes : "Nous avons à la fois un penchant pop et un penchant expérimental, que nous essayons de combiner quand nous travaillons ensemble. Ce qui nous passionne, c'est de travailler à la lisière des genres. Le prochain album sur lequel on travaille risque d'être beaucoup plus expérimental et psychédélique. Et c'est un fan de Magma et de Cluster qui te parle là..."
Aujourd'hui, SMD sort en effet son deuxième album, Temporary Pleasure... Fugace et résolument mainstream...

Car, comme dans toute entreprise périlleuse, rien ne se passe vraiment comme prévu.
"Nous voulions d'abord produire un album de techno pure. Nous avons vite évolué vers quelque chose de plus disco poppy. L'album a été en grande partie conçu dans nos chambres et sur la route. Avec la technologie, c'est fou comme tu peux tout faire de ta chambre...(rires)."
A la différence du premier album, Temporary Pleasure inclue beucoup de collaborations (Alexis Taylor du groupe Hot Chip, Jamie Lidell, Beth Ditto du groupe Gossip, Telepathe,...).
"Dès qu'on a eu les premiers invités sur le disque, l'orientation techno du début a changé. Nous avons voulu cet album comme une collection de chansons et non comme un ensemble cohérent. Mais nous avons malgré tout gardé le format de chanson long, comme en techno."
Las! "Les sanglots longs des synthés de SMD blessent mon coeur d'une longueur monotone"... Si je me risque à cette reprise d'une parole résistante de Verlaine, c'est que la tentative pop est globalement décevante.
Délaissant les climats tapageurs, l'album se concentre sur une série de compositions électro-pop plus mélodiques que par le passé, faisant la part belle à une flopée de featurings qui diluent une grande partie du talent et de l'inspiration que l'on était en droit d'attendre de la part du duo britannique. Si la personnalité de Beth Ditto, la voix soul et mutante de Jamie Lidell, l'organe sensuel d'Alexis Taylor ou la tonalité résolument 80's de Chris Keating, possèdent tous un attrait évident, cet empilage de talents nuit à l'ensemble et laisse une sensation de gâchis.
La qualité propre de chaque morceau ne suffit jamais à faire d'un ouvrage un chef d'oeuvre parfait. Il manque à cet album la mèche du boulet de canon, l'étincelle du conte de fées...
Trop de métier, pas assez de personnalité.
Au fond de ce patchwork inégal, remarquons néanmoins la performance vocale de la cantatrice la plus hype du moment, j'ai nommé Beth Ditto. Dans un opus aux maigres ambitions, Cruel Intentions est un single qui sent bon les débuts de la house music made in Detroit. Ni plus ni moins. Enfin si, tout de même, une voix percutante... Mais qui ne surprendra aucun fan de Gossip...
Pour les mélomanes en mal de réminiscence "simianesque", il reste Synthesise et 10000 Horses Can't Be Wrong pour se consoler. Avec eux, soyez sûrs que SMD continue d'envoyer du bois en live.
Une fois n'est pas coutume, le diable se cache dans le détail. Synthesise, sous ses airs de classique SMD, est le premier morceau où le duo utilise un sample, la voix de Todd Rundgren (artiste et producteur américain qui a travaillé avec Patti Smith, New York Dolls ou Meat Loaf).
"Je me rappelle l'avoir écouté en me disant, merde, il utilise un effet électronique sur sa voix et c'est exactement le genre de traitement que nous utilisons par ailleurs. C'était parfait pour le morceau, du coup on a fait une petite entorse à nos règles." Jaz
Aujourd'hui, alors que tout le monde, de Björk à Muse en passant par Peaches ou Little Boots, s'arrache leur collaboration, ce n'est peut-être pas un hasard si ce nouvel album est un "petit" bijou d'électro-pop relativement plus accessible qu'Attack Decay Sustain Release. Si ce nouveau virage lorgne du côté de la synth pop 80's de Human League et de la modernité d'un Tiga, prière est faite de ne pas marcher sur des sentiers trop battus.
"Je me rappelle l'avoir écouté en me disant, merde, il utilise un effet électronique sur sa voix et c'est exactement le genre de traitement que nous utilisons par ailleurs. C'était parfait pour le morceau, du coup on a fait une petite entorse à nos règles." Jaz
Aujourd'hui, alors que tout le monde, de Björk à Muse en passant par Peaches ou Little Boots, s'arrache leur collaboration, ce n'est peut-être pas un hasard si ce nouvel album est un "petit" bijou d'électro-pop relativement plus accessible qu'Attack Decay Sustain Release. Si ce nouveau virage lorgne du côté de la synth pop 80's de Human League et de la modernité d'un Tiga, prière est faite de ne pas marcher sur des sentiers trop battus.